Résumé
À Decazeville, la mine a écrit l’Histoire, permettant pendant des décennies aux habitants de tenir autour d’un destin commun. Quelques exodes plus tard et à la faveur d’une agonie climatique qui renvoie l’utopie industrielle dans les cordes, ledit destin en a pris un coup. Alors, le temps d’une pause chez Léa la tatoueuse ou chez Vincent le coiffeur, les Decazevillois se questionnent sur ce fameux Bassin et ce qu’il est devenu. Et dans le miroir, c’est peut-être même son présent qu’ils regardent droit dans les yeux.
L'avis de Tënk
Avant que Léa la tatoueuse grave dans la chair de son·a client·e le motif qu’il ou elle a choisi, elle a cette phrase ritournelle : « Je fais un premier trait, tu me dis comment tu te sens ? ». À travers elle, c’est aussi le cinéaste qui nous chuchote à l’oreille : « Ça va ? Vous êtes prêts à entrer dans cette histoire ? ». Cette histoire, Mathieu Kiefer la tisse avec une immense délicatesse. Sa mise en scène va droit au cœur sans impudeur. Chez le coiffeur, on change de tête. Chez la tatoueuse, on marque sa peau. Deux gestes qui s’inscrivent dans les corps. Deux lieux à la fois communs tout autant que symboliques, qui deviennent le huit clos propices à accueillir les récits intimes des Decazevillois·es. Derrière une apparente simplicité, Cher Bassin réussit à porter une parole populaire avec puissance et douceur. Il est une fable politique racontée depuis les marges abandonnées (mais non résignées) de la modernité.
Julia Pinget
Réalisatrice
