Résumé
Le mur de Berlin tombe, Chantal Akerman part en voyage à travers l’Europe de l’Est. La Russie, la Pologne, l’Ukraine, elle filme tout ce qui la touche : des visages, des rues, des voitures, des bus, des gares, des paysages, des intérieurs, des queues, des portes, des fenêtres, des repas. Des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, qui passent ou qui s’arrêtent, assis ou debout. Des jours et des nuits, la pluie, la neige et le vent, l’hiver et le printemps.
L'avis de Tënk
Les visages D’Est ne s’oublient pas. Ils sont, peut-être, ceux de personnes saisies dans l’expectative, debout devant l’abîme d’une nouvelle ère dont elles ne savent rien. Mais quant à ce qu’elles ressentent, nous ne pouvons que spéculer ; D’Est opère avec l’incertitude. Le film bouleverse sans répondre, envahit d’intensités sensibles qui font penser, inlassablement, et qui nous font « retraverser l’histoire », comme le dit Claire Atherton, monteuse du film. D’au-delà des frontières, aussi, Akerman est revenue avec des images de personnes qui nous sont étonnamment familières. Et son cadre, qui ne cesse de se peupler, de se dépeupler, accueille des plans vertigineux dont on se demande encore comment ils ont pu être si justes, si beaux, souvent même au bord de la fiction, alors qu’ils ont été pris sur le vif. D’est fait peuple alors même que les chemins de ces pays sont sur le point de diverger.
Charlène Dinhut
Programmatrice et commissaire d'exposition
