Résumé
“Le tournage de ce film a commencé en septembre 2008, à Exarchia, haut-lieu de la contestation athénienne. Je voulais faire le portrait de ceux·elles qui restent attaché·es à un endroit, de ceux·elles qui gardent une mémoire historique mais aussi quotidienne d’un lieu. Au gré de mes allers-retours Paris-Athènes qui ont continué jusqu’en avril 2011 et de l’évolution de la Grèce, le film est devenu la toile sur laquelle les témoignages se sont finalement posés, composant ainsi le paysage morcelé d’un pays en crise.” (D.H.)
L'avis de Tënk
"Ici rien" est un chant de désespoir. Daphné Hérétakis projetait, pour son film de fin d’études, de faire le portrait d’un quartier d’Athènes, Exarchia, alors exposé à un phénomène de gentrification. Lorsqu’elle se rend en Grèce en septembre 2008, elle retrouve son pays secoué par une crise dont les aboutissants, l’actualité en témoigne encore aujourd’hui, sont très incertains. Des manifestations sont réprimées et un jeune adolescent de quinze ans est tué par la police. La réalisatrice est comme mise en demeure d’intégrer à son film une préoccupation politique qu’elle n’envisageait pas initialement. Tourné en super 8 et 16 mm, ce film fait communiquer des éclats et des formes très singuliers à des plans qui veulent documenter, à leur manière, une situation critique. (…) Daphné Hérétakis fait entrer dans son film, avec une délicatesse qui se conjugue très bien avec les mouvements heurtés de la super 8, une dimension intime et très personnelle. "Ici rien" est un film brulé mais aussi irradiant, qui peut à la fois dire, avec sincérité et droiture, qu’il n’y a plus de soleil et témoigner de sa présence.
Rodolphe Olcèse (texte initialement publié sur le blog de la recherche du Collège des Bernardins, suite à la programmation du Cycle Jeune création du 5 novembre 2012.)