Résumé
Dans une maison presque en ruine, des saucisses sont fumées – un exercice aux accents philosophiques pour l’ancien valet de ferme Fritz Marti, qui se livre dans sa cuisine-fumoir à une méditation haute en couleur sur la vie.
L'avis de Tënk
Parfois, lorsqu’on s’égare dans des pensées trop complexes, il convient de revenir à une simplicité élémentaire. Fritz Marti semble avoir fait sien cet adage. Il est heureux, dit-il, car il a tout partagé, toute sa vie. Pour fumer ses saucisses, il faut faire du feu. Pour cela, il faut couper le meilleur bois, afin d’obtenir la meilleure fumée. Il serait merveilleux que chaque tâche de notre quotidien fasse sens pour ce qui la suit, nourrissant ainsi un bonheur en chaîne, causal et inépuisable. Mais inévitablement, la course du monde finit par rattraper le fumeur solitaire, dans sa maison chancelante. L’industrie avale les derniers savoir-faire autonomes. Malgré la menace, il avoue ne jamais se plaindre – et déclare même exécrer ceux qui s’y abandonnent. La modestie de son existence apparaît alors comme une double inspiration : celle de résister coûte que coûte à un monde qui fait de la chaîne de production un parcours sans saveur, autant qu’une invitation à ne jamais manger seul.
Lucas Gouin
Entrevues Belfort