Résumé
Chronique de la vie d’un couple de fossoyeurs dans un village du Jura. L’affrontement avec la mort, ses mythes, ses délires, son quotidien insolite, parfois loufoque, toujours inattendu. Preuve, s’il en était encore besoin, que la vraie drôlerie est fondée sur des choses graves.
L'avis de Tënk
« On va mourir, mais il ne faut pas y penser », clame le fossoyeur dès les premières minutes. Et s’il est possible d’en parler sans emphase, en évoquant plutôt la qualité de l’habitacle final – qu’il soit de chêne ou de zinc –, en abordant la matérialité du corps, la condition du travail, ses gestes profanes et ses habitudes ordinaires, alors tant mieux. Ici, « c’est le pinard » qui tue. On compare les quantités de graisse pour mieux brûler dans l’incinérateur – mort technique, rationalisée, du travail des fossoyeurs. Entre irruptions sonores et discontinuité du montage, La Peau dure nous offre l’opportunité rare de rire de ce qui effraie. Le film exhume des questions enfouies, souvent tristes, parfois gênantes. Loin de la paralysie qu’elles suscitent d’ordinaire, elles deviennent ici le socle d’une drôlerie ultime, d’un rapport quotidien, trivial et nécessaire à la mort. Allez-vous, vous aussi, demander qu’on ne verse pas trop de cailloux sur votre sépulture ? Seulement une bonne quantité de terre. Pure.
Lucas Gouin
Entrevues Belfort