Résumé
À la fin de l’été, la plage de Barcelone se vide totalement de ses corps bronzés. Enfin presque. Un joggeur, un châtelain, une sirène des mers, tous plus ou moins octogénaires, y reviennent tous les jours. Avec leur vivacité toute ibérique, ils racontent leurs destinées, entourés de quelques autres irréductibles : un fumeur stoïque, des joueurs de dominos, un éternel joueur de squash et un spécialiste de la météo. Ines Thomsen accompagne leurs faits et gestes sur leur lieu de prédilection où même dans l’entre-saisons résonne quotidiennement l’inimitable hymne de l’historique Club de natation de la ville.
L'avis de Tënk
On dit de Bismarck qu'il avait initialement fait fixer l'âge de la retraite à 70 ans, de sorte que la pension ne devait presque jamais être versée. Il n'avait pas compté avec cette tribu de robustes « jubilados » qui, bravant vents, marées et déficiences de leurs corps, font tout pour prolonger le temps qui leur est imparti et jouir de quelques moments de bien-être. Briser la solitude : se retrouver autour d'un bain de mer, quelques échanges, chants, rencontres, tout cela tient ici lieu de lien social, aussi fragile soit-il. On ose remplacer le mot « mar » dans le titre original du film (Mañana al mar) par « mort » – le sujet est abordé dans les conversations avec humour et clairvoyance ou sur le ton de la blague. Bien que, parfois, untel regrette que quelqu'un « ne vienne plus », comme récemment la Nelly ou la Carmen. Mais tout autant que les paroles de ceux qui restent, ce sont les plans de l'infini de la mer et de l'horizon qui nous rappellent la finitude de la vie terrestre.
Jürgen Ellinghaus
Programmateur, réalisateur